Analyse
L'international des feux Loto-Québec
Retour sur la soirée et analyse du feu du Japon 2024
Frédérick Bastien
Collaborateur
4 Juillet 2024 - LaRonde
Pour le public qui assiste aux feux avec assiduité, un spectacle japonais est une expérience particulière. Elles sont une occasion de voir des pièces pyrotechniques de grande qualité, peu exportées et, en conséquence, peu utilisées par des firmes d’autres pays. Cet effet de rareté est accentué par la fréquence relativement modeste à laquelle les artificiers japonais participent à des concours de pyrotechnie. La dernière présence d’une équipe japonaise à Montréal remontait à 2012.
À mesure que ce « grand spectacle » (le titre du feu épousait celui de la chanson thème du film The Greatest Showman) progressait, les pièces pyrotechniques – surtout les bombes éclatant en (très) haute altitude – gagnaient en complexité. Les multiples déclinaisons des bonhommes sourires (incluant une apparition du personnage de Mike Razowski!) sur des musiques de Disney ne constituaient qu’un aperçu.
Bientôt, certaines bombes d’étoiles étaient se caractérisaient par divers patrons de changements de couleur ou de luminosité, par des combinaisons de deux ou trois effets distincts, ou par une traînée incandescente au cours de leur ascension et le long de laquelle diverses explosions se produisaient avant l’éclosion principale. Si les bombes comportant en leur centre une concentration d’étoiles fines (une pistile) sont fréquentes, il est autrement plus rare de déceler trois ou cinq couches de pistiles aux couleurs distinctes et imbriquées les unes dans les autres.
En revanche, la conception d’ensemble des tableaux et l’enchaînement entre ceux-ci ont souffert de quelques faiblesses qui n’étaient pas sans rappeler, elles non plus, de précédents feux japonais présentés à Montréal. Bien que le matériel ait été disposé sur toutes les rampes de lancement existantes à La Ronde, le spectacle manquait souvent de densité. Par exemple, sur la chanson emblématique du film Titanic, on a pu compter, trois fois plutôt qu’une, jusqu’à sept secondes sans qu’aucune pièce pyrotechnique ne soit visible. Dans d’autres tableaux, elles apparaissaient quelque peu éloignées les unes des autres et peu intégrées. Sur la bande sonore, chaque pièce musicale était espacée des autres par une pause, parfois longue (près de 10 secondes entre les deux derniers tableaux).
Ce premier feu en compétition de la saison 2024 a aussi été marqué par l’introduction de lasers, à raison de cinq minutes réparties en deux blocs, dans chacun des spectacles pyromusicaux. Dans ce cas-ci, le premier segment laser a duré plus de trois minutes et couvert toute la pièce musicale sur Pirates des Caraïbes. La seconde partie, plus courte, est survenue au début d’une chanson tirée d’Armageddon, chanson poursuivie avec un volet pyrotechnique cette fois.
De l’avis général, il semble que cette deuxième occurrence ait parue mieux réussie mais, dans l’ensemble, le changement de dynamique et d’envergure du spectacle contraste fortement avec la pyrotechnie. On verra si ce volet, assuré chaque fois par une même entreprise externe, est mieux réussi lors de prochains feux. Comme il ne relève pas des firmes en compétition, les membres du jury populaire ont la directive de ne pas en tenir compte et il n’est pas pris en considération dans l’octroi des Jupiter d’or, d’argent et de bronze. Avec cinq feux à venir, on peut cependant douter que le consortium japonais Omagari Hanabi obtienne l’un d’eux cette année.