C’est un excellent spectacle, ingénieux et puissant, que La Rosa S.R.L. a offert au public pour cette première présence en compétition à Montréal. Avec une sonorité toute italienne, cette entreprise sicilienne a déployé un arsenal pétaradant marqué par l’omniprésence des couleurs de leur drapeau national.

Certaines personnes aiment les feux comportant plusieurs dizaines de courts extraits musicaux, qui insuffleraient beaucoup de rythme et témoigneraient d’une grande qualité dans l’édition de la bande sonore. D’autres préfèrent les feux aux segments moins nombreux, qui favoriseraient le développement de tableaux élaborés et raffinés. Sous un titre que les organisateurs ont peu élégamment traduit par « Medley Chansons Italiennes » (pourquoi pas Pots-pourris de chansons italiennes?), La Rosa a développé un concept ingénieux offrant un bel équilibre entre ces deux pôles, avec la combinaison de quatre pots-pourris et quatre autres chansons présentées distinctement.

Aux yeux des personnes ayant assisté à l’exhibition japonaise trois jours plus tôt, les produits mis à feu par La Rosa ont pu souffrir de la comparaison, Omagari Hanabi ayant placé la barre à une hauteur exceptionnellement élevée. Il demeure que les Italiens ont généreusement garni leurs tableaux de pièces aux calibres imposants, avec des séquences de changements de couleurs qui manquent à plusieurs autres feux en compétition, et des bombes multibris qui ont contribué à amplifier et densifier le spectacle. Certains angles de tir ont donné lieu à des tableaux très larges, de nombreuses pièces volant vers les zones de manèges de chaque côté des rampes. Les nombreuses mines et comètes en éruption sur la cinquième rampe de lancement, constituée de cinq plateformes au centre du lac et donc près du public, ont aussi accentué la puissance du déploiement. Était-ce trop?

On espère souvent que la conception pyromusicale offre une variation rythmique qui alterne entre ces moments très puissants et d’autres plus calmes, donnant un peu de relief à un feu de 30 minutes et favorisant aussi l’utilisation de produits et de schémas de tir plus raffinés. Or, il s’avère que deux chansons (Con Te Partiro et Caruso) qui se seraient très bien prêtées à de telles variations pyrotechniques ont plutôt été consacrées (sacrifiées?) aux segments de laser obligatoires. Ces derniers ne doivent pas être pris en considération dans l’évaluation du jury, mais je doute qu’ils soient exempts de toute conséquence pour la démonstration d’excellence en art pyromusical à laquelle les concurrents sont conviés.

La Rosa S.R.L. apparait comme un prétendant possible à l’un des prix Jupiter. Toutefois, avec quatre concurrents à venir dont deux comptant des Jupiter d’or ou d’argent à leur feuille de route, toute prédiction en ce sens apparaît un peu trop hâtive.