Analyse
L'international des feux Loto-Québec
L'analyse de Frédérick.B pour le feu de l'Autriche 2024 par SteyrFire
Frédérick Bastien
Collaborateur
11 Juillet 2024 - LaRonde
Sur l’île de Malte au printemps 2012, le propriétaire de la firme autrichienne SteyrFire, René Langer, participait à l’International Symposium on Fireworks. Avec l’aide d’un ami, il obtint un rendez-vous avec Martyne Gagnon, alors directrice de l’International des Feux Loto-Québec. Fort de certains succès dans des compétitions européennes, il ambitionnait avec confiance de produire un feu à La Ronde. « Croyez-vous vraiment être prêt pour Montréal? » lui demanda alors la directrice, avant de lui suggérer d’assister à l’un de ces feux. « Très vite, je suis redescendu sur Terre... c’était un autre niveau », admit-il dans un témoignage écrit au moment de la retraite de Martyne Gagnon en août 2022, la remerciant du même souffle de l’avoir mis face à la réalité, puis de lui avoir fait confiance en 2018 après que SteyrFire eut pris du galon.
Six ans jour pour jour après son premier spectacle du 11 juillet 2018, qui lui valut un Jupiter d’argent, SteyrFire effectuait un retour attendu. En entrevue avec MtlPyroMedia, le concepteur Nick Langer ne dissimulait pas son ambition, très légitime, de remporter cette fois la plus haute distinction. Sur le thème « Salut aux plus grands », c’est un très bon spectacle que SteyrFire a présenté au public, avec une excellente conception pyromusicale. La symbiose entre la musique et la pyrotechnie se distingua particulièrement avec le tableau d’ouverture sur Made in Heaven de Queen, celui sur Smooth Criminal de Michael Jackson, et le dernier sur Suspicious Minds d’Elvis Presley, tous puissants et dynamiques. Dans un registre plus contemplatif, le tableau sur Imagine, avec des pièces à lent déploiement et presque tout en blanc, rendait bien justice au thème de la chanson de John Lennon.
Certains choix relatifs à la conception technique ont été étonnants... Comme en 2018, SteyrFire n’a utilisé aucun produit nautique, ce qui aurait permis de s’approcher des spectateurs. On a probablement pensé que les plateformes au centre du lac, utilisées très efficacement, suffisaient. Aussi, l’équipe a choisi ne pas déployer d’anneaux de mise à feu au sommet de dispositifs élévateurs, ce qui avait insufflé un dynamisme distinctif dans leur spectacle de 2018 avec plusieurs séquences en 360 degrés. De plus, la pluie forte tombée tout au long de la journée qui précéda le feu a peut-être endommagé certaines installations car des asymétries étaient observables.
Comme la conception pyromusicale, la synchronisation était excellente pendant la plus grande partie du spectacle, mais elle paraissait moins évidente à la fin de certains tableaux. Les transitions entre certaines des 10 chansons s’étiraient aussi, réduisant un rythme déjà ralenti par les deux segments obligatoires de lasers.
Avec encore trois concurrents à venir, le risque est bien réel que SteyrFire n’obtienne pas un Jupier d’or cette année, mais il ne fait aucun doute que l’entreprise familiale des Langer était bel et bien « prête pour Montréal ».